L’enseignant-chercheur Samba Dieng a souligné la nécessité d’enseigner davantage la vie et l’œuvre des grands érudits sénégalais dans les programmes scolaires d’enseignement selon « une nouvelle vision » reprend l’APS des colonnes du quotidien national « LE SOLEIL ».
« Il faut que la vie et l’œuvre d’El Hadji Omar ainsi que tous les grands érudits soient davantage enseignées dans les programmes scolaires d’enseignement selon une nouvelle vision et un nouveau programme », a-t-il dit dans un entretien paru dans l’édition de mardi du quotidien Le Soleil.
Pr Dieng, enseignant au département de Lettres modernes de l’Université Cheikh Anta Diop a souhaité que « la littérature de ces grands marabouts soit aussi ajoutée dans les programmes d’enseignement ».
« Le ministère de la Culture doit aussi organiser des journées culturelles consacrées à ces marabouts, à ces grands hommes alternativement. Celles-ci permettraient de mieux les connaître », a estimé Pr Samba Dieng, spécialiste du marabout El Hadji Omar Tall, (1796-1864), héros de la cause islamique en Afrique noire et de la confrérie des tidianes.
Parlant de l’œuvre de ce guide religieux, l’universitaire a soutenu qu’ »il n’a pas la place qu’il mérité au sein de nos Etats et dans les programmes scolaires », appelant à organiser lors des événements religieux (Ziarra et autres), des conférences et des tables rondes essentiellement sur El Hadji Omar Tall.
« Les chefs-d’œuvre du Cheikh ne sont pas encore connus. El Hadji Omar n’est pas enseigné à sa juste mesure. D’ailleurs, quand il a publié son livre +Kitabul Rimah+, Mawloud Fall a témoigné que ce livre n’a pas reçu l’accueil qu’il fallait et que le Cheikh n’a pas été suivi comme il le méritait », a-t-il relevé.
Il a rappelé que parmi les recommandations faites lors de la célébration du bicentenaire d’El Hadji Omar en 1998, figurait l’enseignement du marabout dans les programmes scolaires, soulignant que le ministre de l’Education nationale d’alors, André Sonko, lui avait demandé de faire des propositions.
« Seulement, El Hadji Omar n’est pas enseigné ; s’il est enseigné, il l’est très mal, selon la vision coloniale. Il y a des ouvrages qui décrivent Cheikh Omar comme le prophète armé avec un fusil derrière. C’est vraiment tout ce qui est contre le Cheikh », a dénoncé l’universitaire.
Selon lui, « les sources disponibles chez les historiens sont des données coloniales (Maurice Delafosse, Paul Marty, etc.).Alors que nous avons des sources arabes modernes, en pulaar qui n’ont pas été prises en considération »., a dit Pr Dieng.
« Je suis stupéfait par le fait que nos marabouts soient considérés comme des illettrés, alors que ce sont de grands érudits. Je suis stupéfait par le fait qu’aucun des poèmes d’El Hadji Omar n’est enseigné », a encore fustigé Pr Dieng, spécialiste de l’Islam et du soufisme.
Pr Samba Dieng a publié en juillet dernier aux éditions Khartala un ouvrage intitulé : « La geste d’El Hadji Omar Tall et l’islamisation de l’épopée peule ».
Il a également publié en 2009 aux Nouvelles éditions africaines du Sénégal (NEAS), « Les traces d’El Hadji Omar » et en 2010 « El Hadi Omar, la perle de l’Islam ».