DAKARPLUME-Introduit dans le Code électoral sénégalais via la Loi n°2018-22 du 4 juillet 2018, portant révision du Code électoral, le parrainage pour tous à toutes les élections vient d’être bouclé par la régularisation des parrains éliminés pour doublons. Pour y voir plus clair, le journal Sud quotidien a mené une analyse pour décliner les tops et les flops du parrainage qui ne finit pas encore de créer la polémique dans le pays.
Considéré, à tort ou à raison, par ses pourfendeurs comme une loi visant à éliminer de potentiels adversaires du président sortant, Macky Sall, le système du parrainage semble avoir réduit considérablement le nombre de candidats à la prochaine présidentielle. Sud quotidien revient sur les flops et les tops d’une loi très controversée au Sénégal.
Si certains candidats à la candidature pour la prochaine présidentielle poussent un ouf de soulagement pour avoir passé l’épreuve du parrainage pour tous avec brio, d’autres méditent encore sur leur sort en attendant les résultats de leur régularisation au Conseil constitutionnel, pendant que certains ruminent leur colère contre ce système qui leur a été fatal. Le parrainage pour tous, à toutes les élections au Sénégal, introduit via la loi n°2018-22 du 4 juillet 2018, portant révision du Code électoral, a fini de faire ses preuves et/ou ses dégâts. En effet, ladite loi qui exige au moins 0,8% des électeurs, soit 53.457 en valeur absolue, et au plus 1% des inscrits sur le fichier électoral, à savoir 66.820 électeurs, a eu le mérite de créer une controverse sans commune mesure durant toute l’année écoulée. Elle a été l’une des pommes de discorde entre le régime en place et une partie de l’opposition dite «significative» sur le processus électoral. Ce qui a été à l’origine de l’absence de consensus entre acteurs politiques sur les règles du jeu électoral, car l’opposition dite «significative» s’était dressée contre ladite loi, qui est passée malgré tout à l’Assemblée nationale, sans débat.
UNE EQUATION JURIDIQUE CAUSEE PAR LES NOMBREUX DOUBLONS
Un autre désordre a été causé par l’article L.118 du Code électoral, concernant la vérification des listes de candidatures recevables par ordre de dépôt, avec le risque de perdre des parrains en cas de doublons. Cette disposition du Code électoral a été à la base de la stratégie de dupe, aux nombreuses empoignades, sans oublier la bousculade et les injures, constatées la nuit du premier jour de dépôt des dossiers de candidature au Greffe du Conseil constitutionnel. Cette disposition a fait que les représentants des candidats ne s’étaient fait aucun cadeau, allant même jusqu’à passer toute la nuit éveillés aux portes des «7 Sages». Dans la même foulée, ladite loi, en son article L.57, stipulant que «si le parrainage d’un électeur se trouve à la fois sur plusieurs listes, les peines prévues à l’article L.88 du Code électoral sont applicables au parrain fautif», a créé une équation juridique en ce moment. Quel sera le sort réservé aux 174.037 électeurs qui auraient parrainé plusieurs candidats ? Est-ce que la justice a les moyens de les entendre tous ? Le total du nombre de doublons susceptibles de régularisation interpelle plus d’un. En tout état de cause, le filtre du parrainage a favorisé la création d’un collectif dénommé C25 et regroupant 25 candidats à la candidature, prêts à en découdre avec ce système de parrainage.
LES CANDIDATURES FONDENT COMME DU BEURRE AU SOLEIL
A noter, par ailleurs, qu’au-delà du bruit qui entoure le système du parrainage, la trouvaille du régime actuel semble avoir son côté positif. En effet, cette loi a le mérite d’avoir réduit considérablement la pléthore de candidatures déclarées à la présidentielle de février prochain. A ce jour, seuls 8 candidats à la candidature sont susceptibles de devenir candidats à la présidentielle, dont 3 en mode régularisation. Toujours est-il qu’il y a d’autres étapes à franchir pour eux tous avant la publication de la liste définitive des candidats, le 19 janvier prochain. Pourtant, ils étaient plus d’une centaine à annoncer leur volonté de succéder au président Macky Sall, dès le démarrage de la collecte de parrainages. Au final, seule une vingtaine a déposé son dossier de candidature au Greffe du Conseil constitutionnel. Ce qui semble être un gain de temps de vote pour les électeurs, et aussi d’économies financières, eu égard au coût exorbitant d’une élection avec l’impression des bulletins de vote et autres enveloppes à acheter.