L’acteur franco-sénégalais Oumar Sy raconte dans un entretien avec l’APS ses moments de complicité avec la chorégraphe Germaine Acogny dans le film « Yao » du réalisateur français Philippe Godeau, des scènes intenses dans lesquelles la réalité se mélange avec la fiction.
« Yao », long métrage dans lequel Oumar Sy joue le personnage de « Seydou Tall », a été projeté en avant-première mondiale à Dakar, le 11 décembre dernier.
Il raconte la vie de Yao, un jeune garçon de treize ans qui, depuis son village situé dans le nord du Sénégal, est prêt à tout pour rencontrer son héros, Seydou Tall, un célèbre acteur français.
Invité à Dakar pour promouvoir son nouveau livre, ce dernier se rend dans son pays d’origine pour la première fois. Pour réaliser son rêve, le jeune Yao organise sa fugue et brave 387 kilomètres en solitaire jusqu’à la capitale.
Touché par cet enfant, l’acteur décide de fuir ses obligations et de le raccompagner chez lui. Mais sur les routes poussiéreuses et incertaines du Sénégal, Seydou Tall comprend qu’en roulant vers le village de l’enfant, il va aussi vers ses propres racines.
« Là on dépassait notre métier, c’était autre chose que l’actrice. C’est la femme, celle qui m’a donné toute cette chaleur, c’est comme une forme de bénédiction, il y avait un regard maternel d’elle sur moi. C’était très agréable jour après jour », a déclaré Oumar Sy en parlant de la participation, dans ce film, de la chorégraphe Germaine Acogny, également Franco-Sénégalaise.
Il dit décerner une « mention spéciale » à la danseuse chorégraphe qui l’a couvé dans le film comme une mère le ferait de son fils.
Une émotion que l’acteur français le plus célèbre de France se dit incapable de reproduire, car « il y a un petit mélange entre la réalité et la fiction, il y a une part intime de moi Oumar, l’homme, pas l’acteur ».
Le personnage incarné par Oumar Sy dit « merci » à l’actrice Germaine Acogny, incarnation de la bienveillance du monde des ancêtres et dont le rôle a consisté dans le film à souhaiter la bienvenue au nouveau-venu dans ce village perdu du Sénégal, par des prières et des libations, mais « moi-même, j’ai dit merci », souligne l’acteur.
De même Oumar Sy se satisfait-il de la participation des autres acteurs du film avec lesquels ’’les choses se sont passées le plus naturellement possible’’.
« On est des partenaires, on est dans le même bateau, on attend tous les instructions de Philippe », le réalisateur de « Yao », a indiqué l’acteur franco-sénégalais, qui semble apprécier la compagnie de l’acteur, comédien et musicien Alibéta, « un mec très intéressant et engagé », selon lui.
L’acteur se réjouit par ailleurs d’avoir pu jouer dans ce film qui lui a permis de voyager et de découvrir son pays d’origine, le Sénégal.
« Sans ce film, je n’aurais jamais voyagé dans le pays. C’était très intéressant d’être là et d’avoir des moments d’attente, d’observation et de vivre », dit-il.
Un périple qui a réveillé la curiosité de l’acteur. « J’ai envie de voyager dans le pays. J’étais à Djilor, un village sérère, jamais je n’y aurais mis les pieds sans le cinéma », souligne-t-il.
Auparavant, dit-il, Saint-Louis était la seule ville sénégalaise qu’il appréciait. Podor est désormais son coup de cœur, selon ses dires.
« Podor n’est pas l’endroit le plus funky de la terre, mais c’est magnifique, je me suis senti très bien là-bas, j’ai un souvenir particulier avec Podor, des souvenirs incroyables », confesse Sy.
Devenu acteur il y a six ans, et par accident, comme il aime à le préciser, il estime que le film « Yao » arrive pour lui au bon moment, l’année de ses quarante ans.
« Il y a un truc à double sens dans ce film. Seydou (le personnage principal) se voit en Yao (le jeune garçon dans le film), et Yao remplit un peu ce qu’il a été et qu’il aurait dû être, le rôle de son père », explique Oumar Sy, visiblement touché et bouleversé par cette trame particulière.
Mais il réfute toute ressemblance avec sa vie, concédant simplement « des points communs », à savoir que lui-même a grandi dans les Yvelines (France), est acteur de profession et de l’ethnie pular, sans compter sa relation particulière avec le Sénégal.
« C’est un personnage intérieur, très fermé, j’ai dû retenir mon sourire tout au long du film », ajoute l’acteur qui soutient n’avoir jamais reçu de propositions venant de réalisateurs africains.
Oumar Sy, humoriste avant de devenir acteur, a déjà joué dans plusieurs films, dont « Intouchable » (2011) et « Samba » (2014) d’Olivier Nakache et Éric Toledano. Il a aussi joué dans « Chocolat » (2016) de Roschdy Zem, entre autres films.
APS

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