Pagaille au 1er jour du dépôt des parrainages, fraude électorale, échecs du PSE, candidature unique de l’opposition …

La candidate investie par le mouvement «Oser l’avenir», Me Aissata Tall Sall, regrette les incidents notés au premier jour du dépôt des parrainages auprès des «7 Sages» et indexe le Premier ministre Dionne comme responsable de la pagaille vécue devant le siège du Conseil constitutionnel. Dans cet entretien accordé en marge du Forum international sur l’avenir de l’éducation à Paris, elle revient également sur sa proposition de candidature unique de l’opposition, sur le dispositif de vérification des parrainages mis en place par les « 7 Sages », explique les échecs du Plan Sénégal émergent avant de décliner les axes de son projet de société.

Investie samedi dernier par le mouvement «Oser l’avenir», Me Aissata Tall Sall a-t-elle déposé sa candidature ?

Mon plénipotentiaire est actuellement (mardi dernier-ndlr) dans les locaux du Conseil constitutionnel pour déposer mon dossier de candidature. Je souhaite que tout se passe bien parce qu’hier (lundi, Ndlr) on m’a fait part que les gens se sont battus sur le numéro d’ordre et d’arrivée. Je trouve cela très regrettable. On ne peut pas vouloir diriger un pays et commencer son aventure par une bataille. Ce qui est le plus important, c’est que le dossier soit déposé au Conseil constitutionnel, dans le calme et la sérénité. Cette bagarre est due à l’irresponsabilité du Premier ministre. Quand on va se promener en disant qu’il n’y aura pas plus de 5 candidats, qu’on se mette à la place du Conseil à distribuer des recevabilités et des admissions des dossiers de candidatures, cela génère la violence et la bousculade. Le Premier ministre Dionne n’avait pas à faire cette déclaration intempestive pour dire qu’il n’y aura pas plus de 5 candidats. Même sur un ton taquin, psychologiquement, cela met les candidats dans une effervescence inutile. Nous voulons aller à des élections libres, transparentes et apaisées.

Au regard des enjeux et de l’engouement notés déjà autour de l’organisation du scrutin présidentiel, est-ce qu’on peut frauder des élections aujourd’hui au Sénégal ?

Je ne donne jamais un régime de blanc-seing. Ce n’est peut-être pas le chef. Ce sont les sous chefs qui se mettent à faire de l’excès de zèle. Sur la transparence des élections, surveillons les, regardons-les, pour que tout se passe pour le mieux. C’est mon principe de précaution.

Le Conseil constitutionnel a annoncé la mise en place du dispositif de vérification des parrainages. Faites-vous confiance à cette initiative de contrôle ?

Le Conseil a sorti une première décision où il explique que nous, les candidats nous aurions nos représentants dans le décomptage des parrainages. C’est la chose la plus importante. Dès l’instant que tous les candidats sont représentés, je pense, en principe, qu’il n’y a pas de raison de douter de la sincérité du Conseil sur ce point. Le reste est de voir si le dossier est complet, si les pièces exigées par la Constitution et la loi électorale sont déposées. De mon point de vue, le plus important est le décompte des parrains.

Où en êtes-vous avec la candidature unique de l’opposition que vous aviez préconisée ? Au regard des différentes déclarations de candidatures de la mouvance de l’opposition, cette proposition est-elle toujours réaliste ?

En théorie, tout politique souhaite une candidature unique. Le difficile est la pratique. Comme je l’ai dit, nous sommes partis trop loin dans le processus pour faire du rétropédalage et arriver vers la candidature unique. Le Sénégal est arrivé à un point de maturité tel que les acteurs politiques devraient pouvoir se retrouver et se choisir un candidat unique pour cette élection cruciale.

En quoi votre projet de société est-il meilleur que le Plan Sénégal émergent ?

Mon projet de société se fonde sur la société du progrès, loin de celle de l’émergence. L’émergence est une accumulation de richesses par la croissance qui peut être exogène et non endogène. Les populations n’en bénéficient pas. Or, la société du progrès actionne des leviers propres aux populations elles-mêmes; quand le développement arrive, il devient général, à la base, notamment l’éducation, la santé, l’accès aux services sociaux de base. Nous l’avons décliné dans sa partie de valeurs, sa partie institutionnelle, autour de l’agriculture, des infrastructures, de la diplomatie. Le PSE s’avoue vaincu par lui-même. Deux exemples: autosuffisance alimentaire en 2017 ; on se cherche encore en 2019. Il faut que le PSE y réponde. On avait dit des taux de croissance soutenus à deux chiffres pendant 10 ans. J’ai entendu le ministre des Finances souligner qu’en 2019, on commencera un taux de croissance à 9 et quelques points. Rien que ces aveux devaient amener le gouvernement à constater que le PSE n’a pas atteint les objectifs qu’il s’était fixés. Pourquoi on n’évaluerait pas ? Pourquoi on ne ferait pas machine arrière ?

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